Monsieur le Ministre,
Force est de constater que les viticulteurs sont conscients de la nécessité de diminuer les produits phytosanitaires.
Dans mon département du Tarn, en particulier à Gaillac, ils sont précurseurs : depuis 10 ans un groupe nommé « ECOPHYTO » travaille activement à ce sujet (il est composé d’une dizaine de vignerons indépendants ou coopérateurs, en bio ou en agriculture raisonnée, et animé par un conseiller de la chambre d’agriculture).
Leurs travaux montrent bien que la diminution des indices de fréquence de traitement est possible.
Pour preuve, en 2016, la moyenne d’IFT du groupe est inférieure de 32% par rapport au reste du vignoble et ils ont encore des objectifs de baisse pour les 5 années à venir.
Cependant, tout n’est pas réglé, loin de là et ce malgré les avancées.
À l’occasion d’une récente réunion avec ce groupe de travail, j’ai pu appréhender les difficultés qu’ils restent à franchir pour parvenir à l’objectif ambitieux d’arrêter l’utilisation du glyphosate d’ici 3 ans. Objectif impératif à réussir sans pour autant laisser aucun agriculteur au bord de la route. Des moyens financiers et humains seront plus que nécessaires pour atteindre cet objectif, la difficulté aujourd’hui pour les viticulteurs concerne notamment le désherbage sous le rang.
En tout état de cause, il faudrait peut être commencer par faire en sorte que ceux qui pratiquent encore un désherbage total de la surface, réduisent la dose de pulvérisation à ce qui peut déjà se pratiquer à savoir le recours à 1 voire 1,5 litres par hectare.
Il y a des solutions, mais c’est surtout le rapport temps de travail / rentabilité / efficacité / impact environnement qu’il faut prendre en compte… Est-ce que la quantité de carbone émis par un tracteur est plus nocive que l’impact du glyphosate ? Non, bien sûr. Mais sur le long terme ? Lorsque l’on sait que le passage avec un pulvérisateur confiné réduit de 3 la couverture de la surface traitée donc plus d’émission de carbone. Attention donc aux alternatives qui seront proposées si le but est bien la protection de l’environnement.
Aussi, Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous préciser quelles seront les incitations voire les mesures contraignantes qui seront prises afin d’y parvenir ?